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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/90

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

sion et même vraiment en trop d’occasions. L’impératrice et sa fille (celle-ci n’est qu’une imitation allemande de sa mère) s’écrivent toujours en français : il leur est même arrivé, visitant ensemble une exposition, à Dresde, je crois, en circulant parmi la foule des visiteurs, de causer tout haut en français.

L’instruction de l’impératrice est celle qu’on recevait de son temps, tout ce qu’il faut pour causer autour d’un service en vieux saxe. Encore aujourd’hui, la souveraine lit beaucoup, et ce beaucoup, je n’ai pas besoin de le dire, est français. Chaque matin, le Figaro, le Temps, les Débats sont déposés sur sa table, et tous les quinze jours, on remet au premier valet de chambre, — un Français — la Revue des Deux Mondes pour qu’il en coupe les feuillets. On lit surtout des Mémoires, des Souvenirs. De temps en temps, un roman ; Octave Feuillet est toujours le bienvenu et reste le premier parmi les rares que l’on puisse lire en entier. Pierre Loti est délicieux par extraits. C’est aussi par des extraits que l’on s’acquitte envers la « nouvelle école », c’est-à-dire Goncourt, Zola, Daudet, dont la langue d’ailleurs est trop révolutionnaire pour une fidèle de la Revue des Deux Mondes. Il est