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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/91

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

un écrivain dont on ne perd pas une ligne, c’est M. Maxime Du Camp, un vieil ami qui revient chaque été à Bade : quelles bonnes soirées on doit à ses excursions de vieux sceptique à travers la charité privée à Paris ! Il est aussi un écrivain, un seul, exclu systématiquement de la bibliothèque de l’impératrice, c’est M. Renan, naturellement à cause de la Vie de Jésus.

En vraie Française du dernier siècle, l’impératrice ne s’intéresse qu’à la peinture anecdotique et qu’à la musique italienne ou du moins facile. L’audition forcée de deux actes de Wagner, par exemple, quand il faut tenir compagnie à quelque hôte royal à l’Opéra, arrache les dernières plaintes à ses précieux nerfs.

L’impératrice ne va plus, d’ailleurs, à l’Opéra, depuis sa chute. Il y a cinq ans, chaque fois que l’Opéra de Berlin donnait Carmen, et c’était bien une fois par semaine, les Berlinois savaient où trouver, à coup sûr, et entrevoir l’invisible souveraine. Encore aujourd’hui, à midi, quand la garde passe, musique en tête, devant le palais, si le chef de musique veut être aimable, il fait jouer une marche de l’opéra de Bizet. Pendant l’hiver, l’impératrice donne au palais ce qu’on appelle ses « jeudis musicaux ». C’est surtout