Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/100

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cygne, qui habite parmi vous. Allons, où est sa mère que « je lui parle... »

— Elsa est orpheline comme toutes les Vestales, proclame le Héraut.

— Vraiment ! Oh ! la voici, je la reconnais bien ! Oh ! pourquoi te cachais-tu ? Oh ! les belles plumes de paon ! Qui te les a données ? Je te les expliquerai à l’aube ! Mais que tes yeux sont donc... beaux ! que toute ta personne est... accomplie !

Ils tombèrent ensemble aux genoux l’un de l’autre ; ensemble, mais, hélas ! plus ou moins fatalement.

— Bon Chevalier, tout ce que je suis, tout ce que je puis être, mon passé compris, je le prosterne à votre merci. Vous le saviez déjà, et je ne m’en dédis pas.

— Elsa ! non, non, tu es trop précieuse ! (Quel divin spécimen humain !) Relève-toi !

— Je ne suis en effet pas mal ; mais vous m’apprendrez à me connaître à fond. Je suis si susceptible d’éducation ! Dois-je vous tutoyer aussi ?

— Ô ma petite Rosière des Missels !

— Cela vous plaît à dire.

Et alors ! en avant les tocsins nuptiaux ! les cloches, les cloches de la Ville ! Les cloches des beaux dimanches sur les provinces tranquilles ! Allégresse du linge propre, comme si on ne s’était pas sali toute la semaine ! Décente allégresse des pensionnats endimanchés passant sous le grand portail de la cathédrale ! Les cloches ! Les cloches ! Des jeunes, des inquiètes, des sacrées, mais toutes alternant