Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/108

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— Mais je n’ai rien dit ! J’ai fait allusion à des choses très naturelles et fort adorables, après tout !

« Ah ! elles auront toujours le dernier mot », soupire Lohengrin, et il regarde dans le vide.

Il se lève ; elle se lève, s’emparant, avec un gracieux geste légitime, de son bras.

— Mais je vous mouille peut-être ? fait-elle.

— Oh ! ne vous gênez pas pour si peu.

Ils font le tour du bassin, s’arrêtent ça et là, au plus beau des cascades, pour en crever un instant, du bout du pied, la nappe miroitante, qui filtre furieuse et glacée entre leurs doigts. Et Elsa en prend prétexte pour se pâmer contre le torse de son chéri. Et lui vous la calme, non par des baisers banals, mais par quelques paroles bien senties.

De guerre lasse, on va s’asseoir sur des berges ardemment gazonnées.

— Comment allez-vous maintenant ? dit-il.

— D’où ?

— Oh ! entends-tu ce hoquet d’un oiseau de nuit quelque part ?

— Oh ! et partout cette rumeur de germinations ? Quelle nuit !...

« Allons ! songe tout bas l’étrange chevalier. Pas d’Absolu, des compromis ; tout est pas plus ; tout est permis. »

Et il s’aventure à la caresser assez curieusement. Puis il fait cette réflexion tout haut : « Cette Villa-Nuptiale sent la fosse-commune. »