Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis quelques jours à peine des kilos de ses couches (qu’est-ce qui vous fait rire ?), oui, dis-je, ce dandinement, comme tout étonnée de se trouver si légère après neuf mois de corvée, et t’en allant plus légère que nature, comme profitant de ta légèreté d’entr’acte, avant que ça recommence, et faisant même de ce dandinement de délivrance un appât à de prochains obérateurs ! Moi, j’appelle ça de l’aberration, de la légèreté. Tu saisis ?

— Oui, oui, je n’avais jamais songé à tout cela. Mais je m’observerai, oh ! je ferai tout selon tes principes, mon chéri.

— Hé non ! il n’y faut pas songer : c’est incurable. Allons, bon ! encore des larmes ! ne pleure pas ! ne pleure pas. Tu sais que je ne peux pas souffrir les larmes.

Lohengrin lui passe délicatement la main sur le cou pour la calmer.

— Tiens, que ta main est originale ! dit-elle.

— Elle fait la morte ; elle se souvient que le premier compliment de l’original chevalier a été pour son col de cygne ; mais non, sa main insiste sur un point...

— Comment appelez-vous ça ?

— Je ne sais ; la pomme d’Adam.

— Vous dites ?

— La pomme d’Adam.

— Et ça ne vous rappelle rien ?

— Ma foi non.

— Eh v... va donc ! Moi ça me rappelle les plus mauvais jours de notre histoire ! — Oh ! ne pleure pas ! ne pleure pas ! C’est fini, je te dis que j’ai fini.