Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/120

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En trois pâtés aux pylônes trapus et nus, cours intérieures, galeries, caveaux, et le fameux parc suspendu avec ses jungles viridant aux brises atlantiques, et l’observatoire ayant l’œil en vigie à deux cents mètres chez le ciel, et cent rampes de sphinx et de cynocéphales : le palais tétrarchique n’était qu’un monolithe, dégrossi, excavé, évidé, aménagé et finalement poli en un mont de basalte noir jaspé de blanc qui projetait encore une jetée de sonore trottoir, à double file de peupliers violet-gros-deuil en caisses, fort avant dans la solitude mouvante de la mer jusqu’à cet éternel rocher, l’air d’une éponge ossifiée, tendant un joli phare d’opéra-comique aux jonques noctambules.

Titanique masse funèbre veinée de blême ! Comme ces façades d’un noir d’ivoire réverbèrent mystiquement le soleil de juillet d’aujourd’hui, ce soleil sur la mer qu’ainsi réverbéré en noir les chouettes du parc suspendu peuvent contempler sans ennuis du haut de leurs poudreux sapins !...

Au pied du môle, la galère qui la veille avait amené ces deux intrus de princes, soi-disant fils et neveu d’un certain Satrape du Nord, se balançait sur ses amarres, commentée par quelques silhouettes oisives, mais pures de gestes à la manière indigène.

Or, sous le plein-midi si stagnant encore, la fête n’éclatant d’ailleurs officiellement qu’à trois heures, le palais faisait la grasse après-midi, tardait à s’étirer de sa sieste.

On entendait les gens des Princes du Nord et ceux du Tétrarque rire aux éclats, dans la cour où convergeaient les