Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/121

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gouttières, rire sans se comprendre, jouant aux palets, échangeant leurs tabacs. On montrait à ces collègues étrangers comme veulent être étrillés les éléphants blancs...

— Mais il n’y a pas d’éléphants blancs chez nous, faisaient-ils entendre.

Et ils voyaient ces palefreniers se signer comme pour conjurer des propos impies. Et lors ils béaient aux paons flânant en rond, la roue irradiée au soleil, au-dessus du jet d’eau ; et puis s’amusaient, ils en abusaient même ! des échos gutturaux que se remballaient, dans la chaotique disposition de ces étages de rocs, leurs appels barbares.

Le Tétrarque Émeraude-Archetypas parut sur la terrasse centrale, se dégantant au soleil Aède universel au Zénith, Lampyre de l’Empyrée, etc. ; et ces gens rentrèrent prestement vaquer à des besognes.

Oh, le Tétrarque sur la terrasse, cariatide de dynasties !

Derrière lui, la ville, déjà en rumeur de fête, essorant ses copieux arrosages ; et plus loin, après les remparts pour rire et tout émaillés de fleurettes jaunes, comme la plaine s’étalait heureuse : jolies routes à petits pâtés de silex concassés, damiers des cultures variées ! Devant lui, la mer, la mer, toujours nouvelle et respectable, la Mer puisqu’il n’y a pas d’autre nom pour la nommer.

Et l’unique ponctuation du silence était maintenant les joyeux abois clairs de chiens, là-bas, que des gamins, luisant nus dans les micas des sables torréfiés, lançaient, sur d’exotiques sifflements, contre la volute déferlante de la ligne de la mer, la mer au ras de laquelle ces enfants fai-