Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/123

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reau de sa traditionnelle sinécure honoraire, en l’envoyant vers Iaokanann avec le Kriss sacré !

Mais, piètre alerte ! Les deux princes faisaient simplement un voyage de circumnavigation, à la recherche de colonies vaguement occupées, et n’abordaient aux Iles Blanches qu’en passant, par curiosité. Et comment donc ! c’était dans ce bout du monde que leur fameux Iaokanann finissait par se faire pendre ? La chose les avait mis en verve de détails sur les tribulations du pauvre diable déjà si peu prophète en son pays.

Ainsi le Tétrarque biberonnait son houka de midi, l’air vacant, l’humeur aussi délabrée que tous les jours à cette heure culminante, — plus délabrée encore aujourd’hui dans ces bruits montants de fête nationale, pétards et orphéons, pavoisements et limonades...

Demain matin, à l’horizon pourtant si infini mais par delà lequel vivaient sous le même soleil bien d’autres peuples, paraît-il, la galère de ces messieurs s’effacerait.

Émiettant maintenant, penché dans les syrupeuses clématites de la balustrade de faïence, des fleurs de brioche aux poissons des viviers inférieurs, Émeraude-Archetypas se répétait n’avoir plus à compter même sur les petites rentes de ses facultés à la retraite, sa vénérable carcasse décourageant décidément tous les galvaniques de l’art, de la méditation, des âmes sœurs et de l’Industrie.

Dire qu’au jour de sa naissance s’abattit pourtant sur le noir palais dynastique un remarquable orage où plusieurs personnes dignes de foi virent un éclair calligraphier alpha et oméga ! Que de midis tués à soupirer sur cette tirelire