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Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/122

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saient tout à l’heure des ricochets avec leurs flèches de rebut.

Or, accoudé au frais de ruisselets invisibles, parmi les clématites de la terrasse, c’était en méandres décousus, tristes et sans art, que le Tétrarque rejetait boudeusement la fumée de son houka de midi. Un instant, hier, à cette louche arrivée d’un messager annonçant les Princes du Nord, son sort trop comblé sur ces îles trop comblées avait ballotté entre les terreurs immédiatement domestiques et l’absolu dilettantisme qui saura jouir de son vatout dans la débâcle.

Car il appartenait à ces fils du Nord, mangeurs de viandes, aux faces non épilées, ce malencontreux Iaokanann tombé ici un beau matin, avec ses lunettes et sa barbe rousse inculte, commentant dans la langue même du pays des brochures qu’il distribuait, gratis, mais en leur faisant l’article de si perturbatrice façon, que le peuple avait failli le lapider, et qui méditait à cette heure au fond de l’unique oubliette du palais tétrarchique.

Le vingtième centenaire de la dynastie des Émeraude-Archetypas allait-il avoir pour bouquet de feu d’artifice une guerre de l’autre monde, après tant de siècles d’ésotérisme sans histoire ? Iaokanann avait parlé de sa patrie comme d’un pays rabougri d’indigence, affamé du bien d’autrui, cultivant la guerre en industrie nationale. Et ces deux princes pouvaient bien venir pour réclamer cet individu, un monsieur de génie après tout, et leur sujet, et compliquer ce prétexte, exhiber un droit des gens occidental...

Heureux encore ! et cela grâce aux inexplicables intercessions de sa fille Salomé, de n’avoir pas dérangé le bour-