Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/155

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Toute ma femme
De naissance !

Et s’emmenant toute vive
Avec son cœur trop gros,
Le miel rose de ses gencives
Et ses deux seins craintifs comme des levrauts !...

Les brises taquinaient
Les cerises de ses boucles d’oreille
Et elle levant son petit nez,
Criant au soleil : « Hé, merveille ! »

Puis, proclamant, fièrement campée :
« Je ne suis pas un petit paon,
« Je ne suis pas une poupée !
« Je me suis tout échappée
« Pour venir échouer sur le cœur du grand Pan !
« Oh ! je suis pure comme une tulipe
« Et vierge de toutes espèces de principes !
« Avril ! avril !
« Mon bonheur ne tient qu’à un fil ! »

Lors ! la faune et la flore
Nous traçant nos devoirs
Du soir à l’aurore,
Et de l’aurore au soir !

En rêve, je l’ai vue
La petite Ève bienvenue !
Épiphanie ! Épiphanie !
Mais ce n’était que mon génie.


Pan met un point et se reprend à considérer la bienheureusement virginale matinée dans toute la vallée. — Et c’est la radieuse matinée, et tout le soleil et l’universel bonheur