— De vous faire partager mon vieil amour.
— Vraiment ?
Elle dit ce « vraiment ? » d’un air non mondain mais élevé. Et sans baisser les yeux, elle se met à lisser les plis droits de sa courte tunique, sa courte tunique blanche légèrement serrée en taille au-dessous des tout jeunes seins et agrafée d’une fibule à l’épaule.
— Vraiment ?
— Oui, mais je sais que ce n’est pas la peine d’essayer, avec vos grands, grands yeux, et cette moue, charmante d’ailleurs. Non. Et puis, ce matin, vrai, j’ai trop mal de tête. Mais merci d’être venue. Votre présence là est très reposante pour moi.
Elle se tait, les yeux tout unis : il fait si grandement beau !
Pan baisse la tête, s’amuse à déchiqueter des fleurettes, et des brins d’herbes aussi.
Il lève les yeux. Elle est toujours là, à son aise dans le thym, le considérant toujours de ses regards virginalement intelligents, de sa moue virginalement intelligente.
Non ! On ne regarde pas avec cette inimitable innocence !
— Quand aurez-vous fini ?
— Mais, quoi ?
Oh, ma foi ! elle a dit ce « Mais quoi ? » avec un tel redoublement du parfait de ses yeux et du parfait de sa moue, que Pan se tord, que Pan pousse, dans la radieuse solitude matinale, un sanglot, un long et unique sanglot d’amour, d’amour tout court, à la Pan !
Mais elle doit savoir d’où vient et où va ce sanglot, puisqu’elle n’en perd rien de sa perfection d’air !…