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Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/162

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Épiphanie ! Épiphanie !
Et alors, tout mon génie !


Assez travaillé pour ce matin. Pan relève la tête. Elle est là, à sourire, comme désarmée par ce grand enfant et un peu aussi grâce à la beauté exceptionnelle de cette matinée.

Pan n’aurait qu’à répondre à ce sourire par un brave sourire ! Il croit plus à propos de hausser supérieurement les épaules et de prendre un air amateur.

Quels yeux étonnants, ma parole, ô vous, qui que vous soyez ! Et ce visage si aminci du bas ! Et cette moue si légitime ! Rêvez-vous parfois d’être autrement, quand vous vous regardez dans le miroir des sources ?

— Mais non, puisqu’on a le visage de son âme, et que mon âme ne saurait donc concevoir plus elle-même que mon visage. C’est un cercle vicieux, je vous reconnais bien là.

— Il est heureux que vous soyez déesse : sans cela, un temps viendrait, celui de la vieillesse, où votre âme concevrait un autre visage que le sien.

— Je n’y avais pas songé. Vous êtes bien réaliste.

— Je suis Pan.

— Pan qui ?

— Je suis… bien peu en ce moment, mais en général je suis tout, je suis le tout s’il en fût. Comprenez-moi, c’est moi qui suis et la plainte du vent...

— Et Éole, alors ?

— Mais non, comprenez-moi ! Je suis les choses, la vie, les choses, classiquement, en un sens. Non, je ne suis rien. Ah ! je suis bien malheureux ! Si, du moins, j’avais un