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Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/26

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enfants de noms de théâtre ! Car Ophélia, ce n’est pas de la vie ça ! Mais de pures histoires de planches et de centièmes ! Ophélia, Cordélia, Lélia, Coppélia, Camélia ! Pour moi, qui ne suis qu’un paria, n’auriez-vous pas un autre nom de baptême (de Baptême, entendez-vous !) pour l’amour de moi.

— Si, Seigneur, je m’appelle Kate.

— À la bonne heure ! Et comme ça vous sied mieux ! Que je vous baisote les mains, ô Kate ! pour cette étiquette.

Il se lève lui-même, et va la baiser au front, longuement, à son front de Kate, dont il se détourne brusquement pour aller à la fenêtre cacher un instant son visage dans ses mains.

William fait signe à sa camarade :

— Hein ? On ne nous avait pas trompés. Il l’est.

— Est-ce possible ? répondent, de toute leur mansuétude bleue, les yeux de Kate que, vlan, rencontre Hamlet en revenant à sa place.

Hamlet hausse flatteusement les épaules.

— Eh bien, mes enfants, trêve de culs-de-lampe. Et qu’apportez-vous en fait de répertoire ?

— Nous avons Les Joyeuses Commères de Saint-Denis, Le Docteur Faustus, L’Apologue de Ménénius Agrippa, Le roi de Thulé.

— Vous médirez le reste après-demain, au débotté. Tout ça c’est des belles conceptions, mais pas des conceptions immaculées comme les miennes. Pour ici, et pour ce soir, vous allez secrètement mettre à l’étude le drame que voici. Vous en serez d’ailleurs royalement récompensés. C’est un drame de moi. Il ne demande que trois principaux rôles. Il