Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/56

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Kate l’attendait.

— Un simple évanouissement. Je te raconterai après. Mais que je t’embrasse ! Tu as joué comme un ange. Maintenant, nous n’avons pas une minute à perdre… comme deux rats !

Il l’aide à sortir de ses brocarts i Elle a eu la bonne idée de garder sa toilette ordinaire par-dessous. Hamlet l’enveloppe d’un manteau et la coiffe d’une toque.

— Suis-moi. Ils traversent le parc, faisant s’envoler des oiseaux assoupis.

Hamlet sifflote allègrement. Ils sortent par une petite porte. Un écuyer est là, tenant deux chevaux par la bride.

Le temps de s’enchâsser en selle entre ces précieux coffrets, et les voilà partis, au trot, tout naturellement. (Non, non ! Ce n’est pas possible ! Cela s’est fait trop vite !)

Ils vont à travers champs, pour regagner la grand’route sans passer par la porte d’Elseneur, la grand’route sans la lune, la lune qui doit faire si bien ensuite là-bas par les plaines et les plaines...

C’est la route où, quelques heures auparavant, Hamlet cheminait, croisant des prolétaires quotidiens :

Il fait un suave temps de calorifère du paradis. Et la lune joue, non sans succès, l’enchantement des nuits polaires.

— Kate, avez-vous soupe avant le spectacle ?

— Non. Ah ! je n’avais guère le cœur à manger, vous pensez bien.

— Moi, je n’ai rien pris depuis midi. Dans une heure nous serons à un rendez-vous de chasse où nous prendrons