Aller au contenu

Page:Laforgue - Poésies complètes.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
le concile féerique

L’ÉCHO
Bon ; si le spleen t’en dit, saccage universel !
LE CHŒUR
Vos êtres ont un sexe, et sont trop usuels,

Saccagez !

L’ÉCHO
Saccagez ! Ah ! saignons, tandis qu’elles déballent

Leurs serres de beauté, pétale par pétale !…

LE CHŒUR
Les vignes de vos nerfs bourdonnent d’alcools noirs,

Enfants ! ensanglantez la terre, ce pressoir
Sans planteur de justice !

LE MONSIEUR ET LA DAME
Sans planteur de justice ! Ah ! tu m’aimes, je t’aime !

Que la mort ne nous ait qu’ivres-morts de nous-mêmes !

Silence ; nuit d’étoiles. — L’aube.

LE MONSIEUR, déclamant
La femme, mûre ou jeune fille,

J’en ai frôlé toutes les sortes,
Des faciles, des difficiles,
C’est leur mot d’ordre que j’apporte !
Des fleurs de chair, bien ou mal mises,
Des airs fiers ou seuls, selon l’heure ;
Nul cri sur elles n’a de prise ;
Nous les aimons, elle demeure.