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Page:Laforgue - Poésies complètes.djvu/250

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le concile féerique

Rien ne les tient, rien ne les fâche ;
Elles veulent qu’on les trouve belles,
Qu’on le leur râle et leur rabâche,
Et qu’on les use comme telles.
Sans souci de serments, de bagues,
Suçons le peu qu’elles nous donnent ;
Notre respect peut être vague :
Les yeux sont haut et monotones.
Cueillons sans espoir et sans drame ;
La chair vieillit après les roses ;
Ah ! parcourons le plus de gammes !
Vrai, il n’y a pas autre chose.

LA DAME, déclamant à son tour
Si mon air vous dit quelque chose,

Vous auriez tort de vous gêner ;
Je ne la fais pas à la pose,
Je suis la Femme, on me connaît.
Bandeaux plats ou crinière folle ?
Dites ? quel front vous rendrait fous ?
J’ai l’art de toutes les écoles,
J’ai des âmes pour tous les goûts.
Cueillez la fleur de mes visages,
Sucez ma bouche et non ma voix,
Et n’en cherchez pas davantage,
Nul n’y vit clair, pas même moi.