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frontières qui séparent l’Inde proprement dite de l’Afghanistan. Nous cheminons depuis deux jours dans des vallées ; le pays s’élève en devenant de plus en plus sauvage et désertique. Les Russes sont presque les maîtres de l’Afghanistan. Les chevaux sont rares et les chameaux communs.

17 avril. — Dans une de nos haltes, un officier de garnison britannique a raconté à papa qu’un prince de la frontière voulait savoir à tout prix quelle était, de la Grande-Bretagne ou de la Russie, la plus grande puissance. Ce prince voulait connaître quel était le plus puissant des deux, afin de savoir de quel côté il devra pencher, en cas de guerre ; car il voulait rester avec le pouvoir. Les brigands sont nombreux dans les montagnes. Malgré le peu de sécurité dont jouit le pays, nous avançons sans trop d’aventures fâcheuses. Il est vrai que notre caravane est escortée par une dizaine de guides qui ont la physionomie des gens bien résolus. La nuit, on monte la garde autour de notre camp. J’ai dormi presque chaque nuit, enveloppé dans des peaux de mouton et de buffle.

20 avril. — On ne fait pas à dos de chameau un voyage de deux cent cinquante milles sans éprouver quelque fatigue. La vie du désert nous a donné une physionomie de mages. D’ailleurs, nous faisons des cadeaux aux miséreux qui guettent notre passage. Nous voici à Ispahan, capitale de la Perse. Encore et toujours des contrées assoiffées, des plantes épineuses, des populations de pasteurs. Il n’y a d’agriculture qu’au bord des maigres cours d’eau. La Perse est un plateau où la chaleur des jours n’a d’égale que la froidure des nuits.

25 avril. — Une vallée fertile s’offre à notre regard : Un filet d’eau étincelant comme de l’argent : c’est le Tigre. La population de fait plus