Page:Lagacé - Mon voyage autour du monde, 1921-22.djvu/23

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Rossignolet, va dire à ma maîtresse,
À mes enfants qu’un adieu je leur laisse,
Que j’ai gardé mon amour et ma foi.
Et désormais faut renoncer à moi !

C’est donc ici que le mond’ m’abandonne,
Mais j’ai secours en vous Sauveur des hommes !
Très Sainte Vierge, ah ! ne m’abandonnez pas,
Permettez-moi d’mourir entre vos bras !


Dans l’après midi qui se prolonge, nous traversons plusieurs groupements de population, à intervalles de dix à quinze milles et portant tous des noms anglais. Depuis ce temps-là, certains de ces noms ont été changés ; on leur a substitué des noms qui sont compris des gens qui habitent ces localités. Nos compatriotes, qui ne savaient que faire de ces appellations baroques, n’ayant rien de commun avec l’âme canadienne, ont vite fait de remplacer le Brook par Bourget. On continuera, espérons-le à franciser les noms de lieu dans cette vallée de l’Outaouais, qui fut témoin des sacrifices des nôtres pour conquérir ce pays à la civilisation chrétienne et française, et qui devient de plus en plus familière avec les vertus domestiques des nôtres.

Il fait nuit quand nous entrons à Ottawa, capitale de la confédération canadienne. À l’hôtel, papa m’a résumé l’histoire de cette ville, comme préparation à la visite détaillée que nous en ferons demain.

(À suivre)
Philéas LACHANCE.