conversations prolongées, sur le pont. L’ingénieur, M. Séverin, m’a paru particulièrement intéressant lorsqu’il a évoqué le souvenir des premières navigations sur les grands lacs, notamment sur l’Érié. C’est ici, en effet, que le premier navire construit par les Européens a fendu l’onde de sa proue glorieuse.
Le frêle canot d’écorce des peuplades indigènes, Iroquois et Hurons, s’était sans doute aventuré déjà sur ces vastes nappes d’eau douce ; les missionnaires et les trappeurs avaient à leur tour emprunté leur surface tour à tour paisible et tourmentée pour passer du Saint-Laurent au bassin du Mississipi et de l’Ohio ; mais il faut attendre la venue de l’indomptable et aventureux Cavelier de la Salle pour voir une construction navale digne de ce nom sillonner les petites mers de l’Amérique française. Le 7 août 1679, un vaisseau de 50 tonnes, le Griffon, construit à l’embouchure de la rivière Niagara, partait à destination de la baie Verte, sur le lac Michigan, où il