Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/204

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blable que le troisième son de M. Tartini n’est produit que par une suite de battements, et dans ce cas il est très-aisé de reconnaître que le troisième son doit avoir avec les deux sons primitifs le rapport que nous avons ci-dessus établi.

Ce serait ici le lieu d’examiner la nature et la source des consonnances et des dissonances ; mais il faut avouer que, malgré les efforts de plusieurs habiles musiciens, on n’est pas encore parvenu à établir là-dessus des-fondements constants et généraux. M. Sauveur est dans l’idée qu’un accord plaît d’autant plus à l’oreille que ses battements sont plus fréquents, et qu’ils restent pour cela moins sensibles ; d’où il suit que les accords consonnants doivent être précisément ceux dont les vibrations sont les plus concurrentes, et qu’au contraire les accords deviendraient dissonants lorsque la concurrence des vibrations est telle, qu’elle peut aisément être perçue par l’oreille. M. Tartini tire aussi de ses expériences du troisième son plusieurs conséquences pour la nature de l’harmonie. Il prétend que le troisième son est toujours la vraie basse dont les sons particuliers sont les dessus, et c’est sur cela qu’il a principalement fonde son système de Musique. Quoi qu’il en soit, il est au moins certain, par ce que nous venons de démontrer, que, de quelque façon qu’on prenne la chose, la concurrence des vibrations en est toujours le fondement, quoique présentée sous des points de vue différents ; nous verrons encore ci-après que le principe de l’harmonie, qu’on prétend trouver dans la nature même des corps sonores, revient encore à celui-ci.

65. Lorsque les parties des corps sonores sont ébranlées, l’air reçoit autant d’impressions successives que ces parties font de vibrations, et ces impressions se répandent partout, sans se multiplier ou se troubler en passant d’une particule d’air dans l’autre. Donc, si le corps sonore est de telle nature que les vibrations de ses parties commencent toutes et s’achèvent toujours dans le même temps, l’oreille sera frappée à la fois par plusieurs petits coups qui se succéderont par des intervalles de temps égaux, et cette uniformité d’impressions produira ce sentiment agréable qu’on appelle son ; au contraire, si les vibrations des parties du corps