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notice sur la vie et les ouvrages

peu amusant s’éloignât de Paris de 7 degrés vers le pôle ; il pouvait lire les Ouvrages du grand Géomètre dans le Recueil de Pétersbourg aussi bien que dans celui de Berlin. Ce qui fâchait d’Alembert, c’était la crainte de se voir appelé à le remplacer, et l’embarras de répondre à des offres qu’il était bien résolu de ne point accepter. Frédéric, en effet, proposa de nouveau à d’Alembert la place de Président de son Académie, qu’il lui tenait en réserve depuis la mort de Maupertuis. D’Alembert lui suggéra l’idée de mettre Lagrange à la place d’Euler, et, si nous en croyons l’Histoire secrète de la cour de Berlin, tome II, page 474, Euler avait déjà désigné Lagrange comme le seul homme capable de marcher sur sa ligne. Et en effet, il était naturel qu’Euler, qui voulait obtenir la permission de quitter Berlin, et d’Alembert, qui cherchait un prétexte pour n’y point aller, eussent tous deux, sans s’être rien communiqué, jeté les yeux sur l’homme le plus propre à entretenir cet éclat que les travaux d’Euler avaient répandu sur l’Académie de Prusse.

M. Lagrange fut agréé ; il reçut lui traitement de 1500 écus de Prusse, environ 6000 de notre monnaie, avec le titre de Directeur de l’Académie pour les Sciences physico-mathématiques. On peut être étonné qu’Euler et Lagrange, mis successivement à la place de Maupertuis, n’aient obtenu que la moitié de l’héritage que le Roi voulait donner tout entier à d’Alembert ; c’est que ce Prince, qui dans ses loisirs cultivait la poésie et les arts, n’avait aucune idée des Sciences, qu’il se croyait cependant obligé de protéger comme Roi ; c’est qu’il faisait au fond assez peu de cas de la Géométrie, contre laquelle il envoyait trois pages de vers à d’Alembert même, qui différait de lui répondre jusqu’à la fin du siége de Schweidnitz, par la raison que ce serait trop d’avoir à la fois