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de m. lagrange

ment ; comme l’Algèbre, elle a sans doute aussi ses difficultés, ses paradoxes qu’on n’expliquera qu’avec beaucoup de sagacité, de réflexions et de temps ; elle aura ses problèmes qui demeureront toujours insolubles.

C’est dans ce repos philosophique qu’il vécut jusqu’à la révolution, sans rien ajouter à ses découvertes mathématiques, sans même ouvrir une seule fois sa Mécanique analytique, qui avait paru depuis plus de deux ans.

La révolution offrit aux savants l’occasion d’une grande et difficile innovation : l’établissement d’un système métrique, fondé sur la nature, et parfaitement analogue à notre échelle de numération. Lagrange fut un des Commissaires que l’Académie chargea de ce travail ; il en fut un des plus ardents promoteurs ; il voulait le système décimal dans toute sa pureté ; il ne pardonnait pas à Borda la complaisance qu’il avait eue de faire exécuter des quarts de mètre. Il était peu frappé de l’objection que l’on tirait contre ce système du petit nombre des diviseurs de sa base. Il regrettait presque qu’elle ne fût pas un nombre premier, tel que 11, qui nécessairement eût donné un même dénominateur à toutes les fractions. On regardera, si l’on veut, cette idée comme une de ces exagérations qui échappent aux meilleurs esprits dans le feu de la dispute ; mais il n’employait ce nombre 11 que pour écarter le nombre 12, que des novateurs plus intrépides auraient voulu substituer à celui de 10, qui fait partout la base de la numération.

À la suppression des Académies, on conserva temporairement la Commission chargée de l’établissement du nouveau système. Trois mois à peine étaient écoulés, que, pour épurer cette Commission, on raya de sa liste les noms de Lavoisier, Borda, Laplace, Coulomb, Brisson, et celui de l’Astronome qui opérait en France.