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RECHERCHES
SUR
LA NATURE ET LA PROPAGATION DU SON.


(Miscellanea Taurinensia, t. I, 1759.)

INTRODUCTION.

Quoique la science du Calcul ait été portée dans ces derniers temps au plus haut degré de perfection, il ne paraît cependant pas qu’on se soit beaucoup avancé dans l’application de cette science aux phénomènes de la Nature. La théorie des fluides, qui est assurément une des plus importantes pour la Physique, est encore très-imparfaite dans ses éléments, malgré les efforts de plusieurs grands hommes qui ont tenté de l’approfondir. Il en est de même de la matière que j’entreprends d’examiner ici, et qu’on peut avec raison regarder comme un des principaux points de cette théorie. Car le son ne consistant que dans de certains ébranlements imprimés aux corps sonores, et communiqués au milieu élastique qui les environne, ce n’est que par la connaissance des mouvements de ce fluide qu’on peut espérer de découvrir sa véritable nature, et de déterminer les lois qu’il doit suivre dans sa propagation.

Newton, qui a entrepris le premier de soumettre les fluides au calcul, a aussi fait sur le son les premières recherches, et il est parvenu à en déterminer la vitesse par une formule qui ne s’éloigne pas beaucoup de l’expérience. Mais si cette théorie a pu contenter les Physiciens, dont la plupart l’ont adoptée, il n’en est pas de même des Géomètres qui, en étudiant les démonstrations sur lesquelles elle est appuyée, n’y ont pas