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RECHERCHES SUR LA NATURE

trouvé ce degré de solidité et d’évidence qui caractérise d’ailleurs le reste de ses Ouvrages. Cependant aucun, que je sache, ne s’est jamais attaché à découvrir et à faire connaître les principes qui peuvent les rendre insuffisantes ; encore moins a-t-on entrepris de leur en substituer de plus sûrs et de plus rigoureux[1].

Les Commentateurs des Principes ont à la vérité tâché de rétablir cet endroit par une méthode purement analytique, mais, outre qu’ils n’ont envisagé la question que sous un point de vue tout à fait particulier, leurs calculs sont d’ailleurs si compliqués, et embarrassés dans des suites infinies, qu’il ne paraît pas qu’on puisse en aucune façon acquiescer aux conclusions qu’ils se sont efforcés d’en déduire.

J’ai donc cru qu’il était nécessaire de reprendre toute la question dans ses fondements et de la traiter comme un sujet entièrement nouveau, sans rien emprunter de ceux qui peuvent y avoir travaillé jusqu’à présent.

Tel est l’objet que je me suis proposé dans les Recherches suivantes. Pour le faire mieux connaître, je commence par donner une idée de la théorie de M. Newton, et des difficultés auxquelles elle est sujette.

C’est dans la Section VIII du Livre II des Principes que se trouve renfermée toute cette théorie. L’Auteur considère d’abord la propagation du mouvement dans les fluides élastiques, et la fait consister dans des dilatations et des compressions successives, qui forment comme autant de pulsations, et qui se répandent à la ronde par tout le fluide. Il passe ensuite à examiner comment ces pulsations peuvent être produites par le

  1. Voici comment parle un des plus célèbres Géomètres de notre temps dans son excellent Traité des Fluides (art. 219) : « Ce serait ici le lieu de donner des méthodes pour déterminer la vitesse du son, mais j’avoue que je ne suis point encore parvenu à trouver sur ce sujet rien qui pût me satisfaire. Je ne connais jusqu’à présent que deux Auteurs qui aient donné des formules pour la vitesse du son, savoir M. Newton dans ses Principes, et M. Euler dans sa Dissertation sur le Feu, qui a partagé le prix de l’Académie en 1738. La formule donnée par M. Euler sans démonstration est fort différente de celle de M. Newton, et j’ignore quel chemin l’y a conduit ; à l’égard de la formule de M. Newton, elle est démontrée dans ses Principes, mais c’est peut-être l’endroit le plus obscur et le plus difficile de cet ouvrage. M. Jean Bernoulli le fils, dans la Pièce sur la Lumière, qui a remporté le prix de l’Académie en 1736, dit qu’il n’oserait pas se flatter d’entendre cet endroit des Principes. »