Et la Reine obéit : et, ses voiles ouverts,
Elle apparut horrible,
Le corps tout décharné, le crâne par les vers
Tout troué comme un crible.
« C’est bien, recouvre-toi de ta robe, dit-il,
Habille ton squelette ;
Que parfois à tes pieds brûle un parfum subtil
Dans une cassolette ;
« Sous un long voile obscur tiens cachés tes yeux creux,
Et pare de mensonges
Ton silence ou ta voix, pour que les malheureux
Aient devant toi des songes,
« Et qu’à la dernière heure, en rêvant dans tes bras
Les délices suprêmes,
Ils pensent, éblouis, lorsque tu paraîtras,
Goule, que tu les aimes !
« Mets du fard à ta peau, trompe-les, je le veux ;
Pour tenter leur envie
Sème de diamants la nuit de tes cheveux,
Et mens comme la Vie ! »
Page:Lahor - Œuvres, L’Illusion, Lemerre.djvu/297
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.