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174 PRÉFACE

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Les jugeant ainsi, on comprendra que nous ayons voulu laisser à leur traduction le peu d’apprêt, la simplicité de cette poésie, simplicité qui s’allie en eux à l'étonnante noblesse, de tout temps familière à certains peuples de l’Orient sémitique,

C'est donc avec intention que nous avons en plus d’un passage évité le raffinement de la rime parfaite, et donné plus d’importance au rythme qu’à la rime, traduisant de la sorte les négligences même de ces chants, qui n’ont guère souci que de riches images, et du délire surtout, du ravissement, de la folie d’amour qu’ils expriment.

L’auteur du Cantique est inconnu. Peut-être a-t-il vécu au temps de Salomon.

On a tout vu dans ce diwân, depuis un poème religieux, un poème d’effusion mystique, comme la Gita-Govinda de l’Hindou Jayadeva, jusqu’à un drame lyrique, comme aussi la Gita-Govinda, avec chœurs et avec ballet.

Personne, certainement, aujourd’hui n’oserait reconnaître un poème religieux en ce poème d’amour si ardemment sensuel, et quant au petit drame que, dans sa traduction élégante, voulut y lire, après plusieurs Allemands, un des plus grands poètes de notre époque, M. Renan, nous ne l'y voyons pas davantage. Nous serions même étonné