Aller au contenu

Page:Lahor - L’Illusion, 1893.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et je cherche où s'en vont ceux qui s'en sont allés,
Ces regards, ces soupirs, ces parfums envolés.

Je réclame ton âme invisible à l'espace :
Ton âme est-elle errante en ce souffle qui passe ?

Et je porte à ma bouche et je baise une fleur,
Où je sens ton haleine et revois ta pâleur.

Ton âme revit-elle en ce frisson d'étoile ?...
Morts, pourquoi le mystère horrible qui vous voile ?

Ô nos morts bien aimés, où disparaissez-vous ?
Serions-nous vos tombeaux ? N'êtes-vous plus qu'en nous ?

Serais-tu tout entière, hélas ! ensevelie
Dans ce cœur d'un amant qui, vieillissant, t'oublie ?

— Nuit chaude, ô nuit aimante, et pleine de soupirs,
Je songe à ce néant de tous nos grands désirs !