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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/16

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voulons vivre ; elles subsistent par le mensonge, et le monde a soif de vérité ; et aux défenseurs de ces tristes vestiges du passé, il ne reste même plus l’excuse de la foi.

Tout enseignement rationnel et humain doit donc être anti-religieux, par la nécessité même des choses.

Au surplus, nous n’avons guère en vue que l’éducation des enfants du peuple.

S’il plaît à quelques bourgeois attardés de continuer à empoisonner leurs petits, moralement et intellectuellement, nous n’y pouvons rien, tant qu’existera ce qu’on appelle « la liberté du père de famille » ; nous avons le droit de le déplorer pour les pauvres victimes de cet empoisonnement, et voilà tout.

Mais au point de vue social, le mal ne sera pas grand ; car si la bourgeoisie dirigeante ajoute, de son fait, aux autres monopoles qu’elle détient, celui de l’ignorance et de la stupidité, cela ne la fortifiera pas beaucoup dans sa lutte contre l’avènement inévitable d’une société nouvelle.

L’être humain n’a pas seulement soif de vérité, mais de beauté. L’initiation artistique ne doit donc pas être négligée. Non seulement par les premières notions du dessin et de la musique on développera les facultés de l’œil, de la main, de l’oreille ; mais les richesses artistiques des musées, dans les villes, les promenades dans les régions voisines de l’école où se trouvent des sites remarquables seront autant de moyens à utiliser. On devra s’attacher aussi à accumuler des reproductions des œuvres les plus célèbres des peintres et des sculpteurs de tous les temps et de tous les pays. La photographie permet aujourd’hui de former de telles collections facilement et à très peu de frais. Quelques entretiens sur l’histoire de l’art et des artistes, permettraient aussi à un instituteur digne de sa tâche, de fixer l’esprit de l’enfant, d’attacher son admiration à la mémoire de ceux qui embellirent le monde, à l’acheminer, pourrions-nous dire, vers la religion de la beauté, s’il était permis d’employer un terme aussi vil pour exprimer une idée aussi noble.

L’initiation morale a droit, également, à une place