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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/23

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à la grosse masse, ne pratiquaient quand même l’auto-éducation. Ce sont ceux-là qui préparent le monde à venir et transforment le monde présent. En s’exerçant à cette œuvre terriblement révolutionnaire : penser par soi-même, et n’acceptant pas les sottises toutes faites ; en cherchant la vérité, en la criant de toutes leurs forces quand ils croient sincèrement l’avoir trouvée, ils changent à tout instant l’équilibre des choses, ils provoquent les autres à les imiter. Or, si chacun les imitait, si le quart seulement du genre humain s’avisait de réfléchir, faisait travailler son cerveau, ce serait le bouleversement du monde actuel, l’effondrement de la barbarie et le début de la civilisation.


VII. — L’Éducation populaire. — Les U. P.


L’insuffisance des notions acquises à l’école primaire, depuis longtemps, a frappé beaucoup de bons esprits qui s’attachèrent à former des associations ayant pour objet de compléter l’enseignement des enfants du peuple. Des cours du soir, des leçons destinées aux adultes furent créés en grand nombre, dans quelques villes surtout, et ont rendu des services qu’il serait injuste de méconnaître. Cet enseignement a porté sur des sujets très divers, mais principalement sur des matières techniques pouvant avoir une utilité immédiate. Dans l’ensemble, cependant, les résultats n’ont pas été en proportion avec les généreux efforts mis en œuvre, et cela par une raison d’ordre général, parce qu’on venait se heurter à un obstacle insurmontable, dans l’état social actuel.

Si jadis on retirait prématurément un enfant de l’école, si maintenant même, sous le régime apparent de la gratuité et de l’obligation, on ne l’y laisse que le moins longtemps possible, c’est qu’on s’y voit forcé par la nécessité de la vie. Il faut, si jeune soit-il, que cet enfant, garçon ou fille, ne reste pas plus longtemps une bouche inutile ; il faut qu’il vienne prendre son rang dans la grande armée du travail ; donnant son énergie, sa santé,