Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/18

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L’adhésion patriotique de la droite faisait place à une campagne systématique de dénigrement. Que s’était-il passé ? Quelle était la cause de ce revirement subit ? Je ne veux pas même essayer quant à présent de répondre à cette question ; j’y reviendrai tout à l’heure. Je me borne à constater un fait, qui est celui-ci : sans cause apparente et avouée, la droite, jusqu’alors sympathique au ministre de la guerre et hostile à l’opportunisme, devenant l’alliée de l’opportunisme et déployant contre le ministre de la guerre une véritable rage.

Les opportunistes, ou pour mieux dire les ferrystes, pour arriver au pouvoir et assurer dans l’avenir leur réélection, avaient besoin du concours de la droite. Qu’il y ait eu ou non pacte formel, il y a eu tout au moins entente indéniable. Des hommes, qui se proclament républicains, mais qui sont, au fond, hostiles à toutes les réformes réclamées par le parti républicain, ont mis leur main dans la main de la droite, comme on met la main dans un engrenage. Ils occupent aujourd’hui les emplois ministériels, c’est vrai ; mais ils sont prisonniers de leurs complices, victimes de leur excès d’habileté, et condamnés qu’ils le veuillent ou qu’ils ne le veuillent pas, à faire de la politique antirépublicaine, à gouverner contre la démocratie.

Si c’est ainsi qu’ils comptent assurer le succès de leur entreprise électorale, ils se font des illusions étranges. Ces personnages devraient se souvenir du 24 mai et du 16 mai. Ils ont beau s’efforcer d’ajouter l’hypocrisie à leur œuvre de réaction, le suffrage universel n’est pas et ne sera pas