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Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/29

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lui des hommes qui lui en veulent de ne pas s’être, prêté à un coup de force, et d’autres qui le considèrent comme capable de ce même coup de force. Singulière coalition de haines irréfléchies.

Chez certains monarchistes, le culte et l’amour de la force sont poussés à un degré d’aberration qu’on ne pourrait pas soupçonner, J’en ai entendu, de mes oreilles, manifester devant moi le regret que le général Boulanger, le jour de son départ et au moment de la manifestation de la gare de Lyon, n’eût pas pris la résolution de marcher sur l’Elysée et d’aller s’y installer, en s’appuyant sur le consentement populaire. Comme si, en dehors des sentiments d’honnêteté et de la droiture républicaine qui l’animent, le général Boulanger ne comprenait pas que les mêmes amis qui le saluaient le plus chaleureusement à son départ lui auraient brûlé la cervelle dans le trajet entre la gare de Lyon et l’Elysée.

Certes on a le droit de porter par erreur sur un homme des jugements injustes et de lui supposer des intentions qui ne sont pas les siennes ; mais au moins faudrait-il faire l’honneur à un homme qu’on reconnaît intelligent de ne pas le croire capable de commettre contre lui-même des actes de folie. C’est ce qu’on fait lorsqu’on associe au nom de général Boulanger des idées de coup d’Etat ou de dictature. Au fond, très peu y croient. Tout au plus un nombre infime de républicains à l’esprit inquiet se laissent-ils aller sincèrement à manifester des appréhensions de cette nature. La vérité vraie, c’est que cette campagne de haine, fondée sur l’exploitation de la peur, est inspirée surtout par les monarchistes