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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/178

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du vieux temps

et de mes livres. Quant aux soins que peut exiger ma personne, ils ne te regardent point. Tu veilleras à ce que nul être humain ne pénètre ici pendant mes absences, qui sont assez fréquentes, et tu ne t’absenteras toi-même qu’une fois par an et avec ma permission. Du reste, je t’engage à ne te préoccuper aucunement de ce que pourraient te paraître avoir d’étrange et mes habitudes et l’intérieur de cette maison. Et, je te le répète, si tu t’acquittes convenablement de tes devoirs qui, comme tu le vois, ne sont ni nombreux, ni difficiles, tu seras étonné de la manière dont je récompense les personnes qui me sont dévouées.

Cela dit, et Jean le Chanceux ayant largement satisfait son appétit, son maître le conduisit dans la bibliothèque qui devait désormais lui servir de chambre à coucher. — Cette pièce était immense et garnie sur ses quatre faces de nombreuses tablettes qui supportaient une multitude de bouquins, de format très-varié et dont la reliure, parcheminée et jaunie par le temps, attestait la plus haute antiquité.

Jean, auquel sa nouvelle condition suggérait une foule de réflexions qui n’étaient pas toutes couleur de rose, ne put s’y livrer longtemps, car à peine fut-il étendu sur sa couche, qu’un sommeil de plomb engourdit aussitôt et son esprit fatigué d’émotions, et son corps brisé par la marche.

Le lendemain, lorsqu’il s’éveilla, les rayons du soleil égayaient déjà depuis longtemps sa chambre. Aussi se hâta-t-il de s’habiller et de courir offrir ses services à son maître. Mais il eut beau visiter la maison de la cave au grenier, explorer l’interminable labyrinthe des corridors et des escaliers, entrer dans les appartements qui étaient ouverts, heurter aux portes qui étaient closes, il ne put trouver à qui parler.

Alors, il se rendit à l’écurie, où l’attendait le cheval du maître, qui lui parut hors de service, tant il était vieux, et auquel il donna la provende et les soins d’usage. Puis, il visita la cour qui entourait le manoir. Elle était, de tous