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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/199

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souvenirs

ont dispersé quelques-unes des petites croix de bois que dépose au pied de la Croix-Tremble chacun des convois funèbres qui se rendent au cimetière de la paroisse[1], on peut être certain que, la nuit suivante, le fantôme viendra réparer ce désordre.

Quand arrive le soir du jour des Morts, le tornant de la Croix-Tremble, debout sur le tertre qui supporte le pieux monument, et la face tournée vers le village de Cosnay, appelle par trois fois ceux de ses habitants qui doivent mourir dans l’année, en s’écriant d’une voix qui fait retentir tous les échos de la vallée, mais qu’entendent seules les personnes interpellées :

Pierre ou Silvain un Tel, songe à m’apporter ta croix !…

Jeanne ou Marguerite une Telle, songe à m’apporter ta croix !…

Il est question d’un phénomène d’acoustique absolument semblable dans l’Histoire admirable de la possession d’une pénitente, ouvrage imprimé au commencement du dix-septième siècle. L’auteur de cette relation, Sébastien Michaëlis, en son vivant prieur du couvent royal de Sainte-Magdeleine, dit positivement que le Diable, lorsqu’il procède à la convocation de ses affidés, se sert d’une énorme trompe, « laquelle retentit seulement aux oreilles et entendements des sorciers, quelque part qu’ils soient aux quatre bouts de la planète. »

Mais qui redira jamais les drames aussi variés qu’émouvants dont fut autrefois le théâtre le Carroir des Pas pressés ?

Ce carroir, au nom si caractéristique, s’étendait sur l’un et l’autre bord de la petite rivière du Gourdon, non loin de la métairie des Granges, entre les anciennes justices de Villemore et de Fougerolle.

  1. Pour ce que l’on dit de cet usage, voy., à la Table alphabétique des matières, le mot : Funérailles.