Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

181
du vieux temps

Le Loup-Brou, au contraire, est un être réel dont la malfaisance est bien constatée. Souvent il attaque les voyageurs pendant la nuit et au moment où ils s’y attendent le moins ; mais on est presque toujours averti de son approche, soit par des bruits de chaîne, soit par d’horribles hurlements, soit enfin par l’éclat flamboyant de ses yeux, qui étincellent dans les ténèbres aussi vivement que des escarboucles.

La plupart du temps, le Loup-Brou est un sorcier ou un mauvais sujet qui, par suite d’un pacte conclu avec Satan, peut vagabonder, la nuit, sous la forme d’un quadrupède quelconque, principalement sous celle d’un loup.

Toutes les personnes qui ont couché avec des Loups-Brous s’accordent à dire qu’ils ne manquent jamais de déserter le lit pendant quelque temps, et que, lorsqu’ils y rentrent, ils ont le corps glacé et les cheveux tout mouillés[1].

Le ciel, pour nous punir de certains méfaits, peut nous changer en loup. Les Scandinaves et les Germains avaient aussi cette opinion. Le loup, qui joue un si grand rôle dans la mythologie du premier de ces peuples, y symbolisait l’esprit du mal. — Être fait loup, dans les législations germaniques, c’était être mis hors la loi.

On pense généralement qu’une balle bénite sur laquelle on a prononcé trois Pater et trois Ave, peut blesser le Loup-Brou, ce qui suffit pour lui rendre sa forme humaine et le soustraire au pouvoir du démon.

La croyance aux loups-garous ou aux lycanthropes existe, on ne l’ignore pas, de toute antiquité. On la trouve chez les Hindous, et les Celtes, leurs descendants, étaient convaincus que leurs druides pouvaient revêtir toutes les formes et particulièrement se métamorphoser en loups[2]. Les drui-

  1. Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XIX de la Collection, p. 247. — Voy., même page, d’autres détails sur la croyance aux loups-garous, en Berry.
  2. Idem, ibid., p. 237.