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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/230

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du vieux temps

Il ne s’arrêta chez lui que le temps nécessaire pour faire seller un cheval et partit à franc étrier pour la ville voisine.

À la suite d’une entrevue qu’il eut avec le prévôt, ce magistrat, indigné de la conduite des deux procureurs, se transporta immédiatement de sa personne au domicile de maître Goupil, et y découvrit, au bout d’un quart d’heure à peine de perquisition, le précieux papier terrier.

Il va sans dire que, par le fait de cette découverte, les deux procureurs perdirent leurs charges et que maître Goupil, en particulier, fut condamné à payer d’énormes dommages et intérêts au vieux seigneur de la Pouserie.

Peu de temps après, et précisément au moment où Goupil restituait en bloc à son ancien client les pistoles qu’il lui avait volées en détail, le baron lui disait :

— Vous êtes bien heureux, messieurs les fripons, que le vieux sire ait eu la générosité de ne point parler de certaine course nocturne dans les bois de Boulaise. N’oubliez pas que si quelque jour il lui venait en fantaisie d’en dire seulement un mot, il pourrait vous en cuire, et prenez bien garde à vos peaux !

Le Goupil comprit parfaitement, grimaça un sourire indescriptible, s’inclina profondément et disparut.