CHAPITRE SEPTIÈME
L’HERBE DU PIC ;
L’HERBE MATAGO.
L’herbe du pic[1], à laquelle on donne aussi le nom d’herbe matago, est une plante magique qui a la propriété de communiquer une force surnaturelle à celui qui s’en frotte les membres ; mais fort peu de personnes la connaissent.
Quelques êtres privilégiés parviennent, dit-on, de loin en loin, à découvrir cette herbe, et, dans ces derniers temps, le grand Bigot, de la paroisse de Lacs, près la Châtre, passait pour avoir eu cette bonne fortune ; aussi tenait-on pour certain qu’il n’avait jamais trouvé la fin de ses forces.
Au reste, voici le moyen que l’on indique pour se procurer l’herbe du pic : — Épier attentivement le vol et les allures
- ↑ Prononcez pi. — En général, dans les monosyllabes, le berrichon, particulièrement dans le sud de notre province, ne fait pas sentir la consonne finale ; il dit la pour lac, rô pour roc, bé pour bec, bou pour bouc, sé pour sec, sa pour sac, souè pour soif, etc., etc. — C’était l’ancienne prononciation française :
Li autres ont fait leur parement (parure)
De gros sas (sacs) et de fros (frocs) à moines.(Roman de Fauvel, par François des Rues ; manuscrit de la Bibliothèque nationale, 1310-1314.)
— Voy. M. Génin, des Variations du langage français, p. 44, 46 et 310.Or, de ces coqs, de ces nids, de ces lacs,
L’amour a formé Nicolas. (Boufflers.)