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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/291

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souvenirs

On lit sur une autre vieille cloche de l’église de Saint-Genou (Indre), les mots suivants :

Voce mea fugiant pestes, prospera fiant.

De là encore cette inscription que l’on trouve si fréquemment sur les cloches du moyen âge : — « Vivos voco, mortuos plango, fulgura frango. (Je convoque les vivants, je pleure les morts, je brise les foudres.)  » — Le pontifical romain dit positivement, à propos de la bénédiction des cloches, que leur son a le pouvoir d’éloigner la foudre et tous les désastres qu’enfantent les tempêtes : — « Procul recedat… percussio fulminum, læsio tonitruum, calamitas tempestatum, omnisque spiritus procellarum. »

La sonnerie de la Châtre était autrefois célèbre par sa puissance préservatrice ; aussi cette ville avait-elle à sa solde des sonneurs pour les temps d’orage :

« Le 10 novembre 1750, Hubert Fraison est choisi et nommé par messieurs les échevins de la Châtre, pour sonneur au temps des orages, tonnerres et tempêtes, aux gages de cinq livres par année[1]. »

Trente ans plus tard, un arrêt du parlement ayant fait défense de sonner les cloches pendant les orages, à cause des inconvénients qui en résultaient, les échevins de la Châtre cessèrent, en 1781, de payer des sonneurs pour les temps d’orage ; mais le hasard ne tarda pas à donner tort au bon sens contre la superstition, car, l’année suivante, le 22 août 1782, le feu du temps tomba sur le clocher de Saint-Germain et détruisit la haute et belle spirale en pierre qui le surmontait. — Au reste, il est bon de savoir qu’à peu près à la même époque « en 1785, un savant allemand publia une dissertation sur l’attraction de la foudre et le danger de sonner les cloches pendant l’orage, et qu’il

  1. Registres de l’hôtel de ville de la Châtre.