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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/327

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souvenirs

La messe du Saint-Esprit est surtout connue dans le canton d’Eguzon (Indre). — Nous nous rappelons avoir beaucoup entendu parler autrefois d’un frère carme de la Châtre, assez mauvais sujet d’ailleurs, qui, avant la révolution, se procurait de jolis bénéfices par sa complaisance à dire de ces sortes de messes, complaisance qui répugna toujours, on le conçoit de reste, au clergé séculier.

Nous terminerons ce chapitre par une recommandation fort importante ; c’est qu’il faut nous garder d’oublier que ces oiseaux de proie, ces chats-huants, ces têtes de loups et d’animaux cornus, qu’à l’exemple des Gaulois nous sommes dans l’habitude de clouer aux grandes portes de nos maisons de campagne et de nos granges, et que nous ne considérons plus guère que comme des trophées de chasse, ne figurent là qu’à seule fin d’éloigner de nos demeures et de nos récoltes les pernicieux effets de la sorcellerie. Les Romains, sur ce point, savaient parfaitement à quoi s’en tenir : Veneficiis rostrum lupi resistere inveteratum aiunt, ob idque villarum portis prœfigunt[1]. Les chefs gaulois plaçaient même de ces dépouilles sauvages sur leurs grands boucliers carrés et jusque sur leurs casques de bataille, et l’on doit croire, après l’explication de Pline, que ces mufles de bêtes féroces, ces cornes d’élans et d’urus, ces ailes d’aigles, ces crinières hérissées, figuraient sur leurs armes défensives autant au moins comme talismans que comme épouvantails[2].

Le dragon ou le serpent était aussi et est encore, en plusieurs pays, considéré comme un génie custode. De là vient qu’il fut préposé en tout temps à la garde des trésors et autres choses précieuses, telles que la Toison d’or, les pommes du jardin des Hespérides, etc., etc. ; de là vient que l’on voit à Pompéi, en beaucoup de maisons, un serpent peint

  1. Pline, Histoire naturelle, liv. XXVIII, ch. 44.
  2. La plupart de ces débris d’oiseaux et de quadrupèdes entrèrent, plus tard, comme emblèmes, dans la composition des armoiries de la noblesse.