Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

293
du vieux temps

sur la muraille, et devant lequel brûlait continuellement une lampe[1] ; de là encore ces monstrueuses gargouilles qui s’élancent des murs de nos vieilles églises, et dont les gueules de dragon vomissent les eaux qui tombent sur les combles de ces édifices. Les figures de lions, de griffons, etc., que l’on remarque à l’entrée de plusieurs églises et châteaux du moyen âge, n’ont pas d’autre destination : ce sont autant de sentinelles qui protègent, nuit et jour, les abords de ces monuments contre un ennemi invisible. Il est impossible d’en douter, puisqu’une charte du treizième siècle dit positivement que les lions sculptés qui se voient aux portes de la cathédrale de ***, ont été placés là pour la préserver de l’invasion des mauvais esprits[2]. — Il en était de même chez les Hindous, car M. Daniélo[3], en parlant d’un temple indien, s’exprime ainsi : « Une porte basse, que soutiennent deux lions, sentinelles immobiles et éternelles, vous introduit dans une caverne obscure, espèce de sanctuaire où vous…, etc., etc. » — Les peuples de la Chine et du Japon sont, encore aujourd’hui, guidés par une croyance semblable, lorsqu’ils peignent ou sculptent sur les vantaux de leurs portes, sur leurs vases et ustensiles de ménage, et jusque sur les arêtes de leurs toits, des légions de monstres ailés, armés de dards et de griffes. On retrouve même, chez les Chinois, la coutume qu’avaient les guerriers gaulois de placer sur leurs armes défensives divers objets effrayants. Notre armée expéditionnaire a pu voir, en 1860, des têtes de tigres, des figures de dragons, d’hydres et de chimères, peintes sur leurs boucliers, et jusque sur les fourreaux où ils mettent leur fusil, leur arc, ou toute autre partie de leur équipement militaire[4].

  1. Pompéi décrite et dessinée, par M. Ernest Breton.
  2. Désiré Monnier, Traditions populaires comparées, p. 38.
  3. Histoire et tableau de l’univers, t. III, p. 205.
  4. Jules Picard, Forces militaires de la Chine. Paris, chez J. Corréard, 1 vol.  in-8o, 1860.