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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/333

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souvenirs

un pois dans le puits ; de là, se transporter près d’une taupinière, réciter six Ave Maria, et, après chaque Ave, faire un trou avec le petit doigt de la main gauche dans la taupinière et y enterrer un pois, — Cette recette est la reproduction textuelle d’une note insérée dans le Moniteur de l’Indre du 8 mars 1856, note dans laquelle on assure qu’une jeune femme, après avoir suivi cette prescription, vit disparaître ses verrues. — Au reste, Pline, au livre XXII, ch. 72, de son Histoire naturelle, indique contre ces sortes d’excroissances un remède qui n’est pas sans analogie avec celui que nous venons de faire connaître. — Remarquez, en passant, que si l’on s’avise de compter les verrues de quelqu’un, on est sûr de les attraper.

La vertaupe est une affection très-connue dans quelques contrées du Berry, surtout dans le canton de Châtillon-sur-Indre. — On appelle ordinairement de ce nom, tantôt un engorgement glanduleux, tantôt une douleur rhumatismale, tantôt un abcès froid. — « La vertaupe, disent nos paysans dans leur langue naïve et pittoresque, produit l’effet de taupes qui boutent[1] dans l’endroit douloureux. Pour guérir cette maladie, il faut laisser presser la partie malade en plusieurs sens par une personne à laquelle, dans son enfance, on a fait étouffer sept taupes avant qu’elle ait mangé de la soupe à la graisse. Nos paysans admettent sept espèces de taupes, et par contre sept variétés de la maladie qu’ils désignent sous le nom de vertaupe. L’enfant, par exemple, qui n’aurait étouffé que trois ou quatre taupes de différentes espèces, ne pourrait guérir que trois ou quatre variétés de

  1. Boutent est là pour poussent. — C’est dans le même sens que les marins disent bouter au large, pour pousser au large, et qu’en termes de vénerie, on dit bouter la bête pour lancer la bête, la pousser hors de sa bauge. — Le boutoir d’un sanglier est son poussoir. — Du vin bauté est du vin poussé. — Une bouteroue pousse ou repousse les roues. — Un arc-boutant est un arc-poussant, etc., etc.