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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/332

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du vieux temps

secret qu’à une personne plus vieille que lui. — Quant à la transmission du secret par hérédité, il en est de même chez les sauvages de l’Amérique. Le voyageur Mackensie, en parlant d’un Pawny-Loup qui guérit les yeux de mistress Campbell, nièce du président Webster, dit que cet homme possédait un secret héréditaire. — Au reste, ces mêmes sauvages, lorsqu’ils pansent du secret, emploient, comme nos villageois, certaines herbes ainsi que des mots et des passes magiques.

Nos panseux de secret doivent être considérés comme les docteurs du corps médical de nos campagnes.

Nous allons donner ici un échantillon des moyens curatifs préconisés et mis en œuvre par quelques-uns de nos meilleurs praticiens :

Pour guérir l’érysipèle, il n’est besoin que de sang de lièvre.

Pour combattre les accidents que détermine la dentition chez les enfants, on leur suspend au cou une dent de loup ou trois pattes de taupes. — Les Romains ne faisaient pas autrement : Dens lupi adalligatus infantium dentienti morbos prohibet. — Dente talpæ vivæ exempto, sanari dentium dolores adalligato adfirmant[1].

Pour panser du venin, il faut avoir étouffé trois taupes dans sa main gauche et savoir certains mots de cabale pratique. — Or, en fait de cabale pratique, le secret consiste dans une combinaison particulière de paroles ordinairement tirées de l’Écriture sainte.

Avez-vous des verrues, voici le moyen de vous en défaire : — Choisir treize pois de l’année, en envelopper six dans un linge noir, sept dans un linge blanc, et les porter pendant treize jours sur sa poitrine, en guise d’amulette ; attendre un vendredi, et, à minuit, sans témoin, se rendre au bord d’un puits, dire sept Pater, et, à la fin de chacun d’eux, jeter

  1. Pline, Histoire naturelle, liv. XXVIII, ch. 78, et liv. XXX, ch. 7.