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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/348

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du vieux temps

des sciences médicales, la page suivante ? — « En quelques occasions, l’on prescrit toujours les bouillons de vipères… l’on a cru appliquer avec succès quelques excréments, comme l’album græcum[1], la fiente humaine, celle de l’hirondelle[2], l’urine humaine, etc. L’on peut même tirer parti de la punaise, des araignées, etc., etc.[3]. » — C’est d’hier seulement que la chimie moderne, par son habileté à décomposer les différents corps de la nature, est parvenue à isoler, à signaler ceux de leurs principes qui peuvent, seuls, être utiles à la santé de l’homme ; par conséquent, c’est d’hier seulement que la raison, éclairée par la science, a fait justice de tout le barbare attirail que l’ancienne médecine traînait encore après elle.

Au moment d’en finir avec nos médecins de village, nous avouerons qu’il existe des panseux de secret qui ne se contentent pas de faire de la thérapeutique plus ou moins savante, plus ou moins occulte, mais qui allient à l’art de soulager l’humanité et le bétail une science autrement transcendante, et qu’ils puisent, suivant le degré de leur capacité, dans les pages mal famées du Grand et du Petit Albert.

Naturellement ces praticiens-là passent autant pour sorciers que pour médecins.

Nos paysans désignent par les noms de Petit et de Grand Albert deux anciens livres de magie qui très-probablement furent rédigés par le fameux docteur Albert le Grand, ce savant théologien, qui florissait sous le règne de saint Louis, et qui poussa, si loin l’art de la sorcellerie. On sait qu’il était parvenu à fabriquer un homme d’airain doué de la parole, et que saint Thomas d’Aquin, dont les nerfs étaient

  1. La partie blanche des excréments du chien.
  2. La fiente d’hirondelle et surtout celle de poule, passe, dans nos campagnes, pour un excellent fébrifuge.
  3. Dictionnaire des sciences médicales, t. II, p. 156, Paris, 1812.