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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/349

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souvenirs

suragacés par le babil de cet androïde, le brisa dans un moment d’impatience.

Au dire de nos villageois, les recueils du Grand et du Petit Albert donnent un pouvoir immense à ceux qui sont à même d’y lire et qui, au moyen d’une initiation préalable, savent s’en servir. — C’est ainsi que, chez les Grecs, les formules qu’employaient les devins ou sorciers, dans leurs opérations magiques, étaient consignées dans de vieux rituels qui portaient les noms d’Orphée ou de Musée[1]. Or, personne n’ignore qu’Orphée était un sorcier-poëte, dont les chants opéraient des prodiges. On pense que Musée fut son disciple. Tous les deux étaient de Thrace et vivaient dans les temps héroïques ou fabuleux.

L’un des plus anciens monuments de la littérature sanscrite, l’Atharva-Véda, peut être considéré comme une espèce de Grand Albert, car il renferme une foule de formules et d’invocations qui toutes ont trait à la magie noire. Ce livre, qui très-probablement donna naissance à tous les formulaires, à tous les grimoires de ce genre, était et est encore, chez les Indiens, le manuel des sorciers. « De là vient, dit l’abbé Dubois, dans son intéressant ouvrage sur les Mœurs, les Institutions et les Cérémonies des peuples de l’Inde, que les brahmanes voudraient faire croire que ce Véda a tout à fait disparu. Le fait est qu’il existe, mais qu’on le tient encore plus caché que les autres, parce qu’il enseigne la magie, et que celui qui serait reconnu pour l’avoir en sa possession ne manquerait pas de s’attirer l’imputation odieuse de sorcier. »

Ceux de nos sorciers-médecins qui possèdent le Grand Albert, autrement dit le Grand Gôt, sont bien plus puissants que ceux qui n’ont que le Petit. Rien, dit-on, ne leur est impossible. — Ce Grand Gôt aurait-il quelque rapport avec

  1. Platon, de Republ., liv. II.