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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/350

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du vieux temps

ce roi des Goths qui, au dire du démonographe de Lancre, n’avait qu’à placer son bonnet d’une certaine façon pour soulever un orage ? ou bien désignerait-il quelqu’un de ces grimoires traitant de la magie goéfique, la pire des sorcelleries ?

Quoi qu’il en soit, c’est à force de consulter ces diaboliques formulaires que plusieurs de nos sorciers-médecins arrivent non-seulement à guérir une foule de malades réputés incurables par la science ordinaire, mais qu’ils parviennent à composer des poudres d’un effet aussi merveilleux que terrible.

Il est telles de ces compositions infernales dont une seule pincée, répandue sur un champ de foire, suffit pour occasionner ces émotions effroyables et soudaines qui s’emparent, sans cause apparente, de la masse entière du bétail, la rendent furieuse et entraînent parfois de grands désastres[1].

Un atome de telle autre de ces substances, soufflé par un amant rebuté sur les vêtements de la beauté la plus revêche, lui enlève aussitôt toute sa cruauté et l’amène à faire les avances les plus significatives à celui auquel elle ne témoignait, un instant auparavant, que le plus parfait dédain.

Enfin, certaines de ces poudres, dispersées dans l’air, passent pour jeter la perturbation dans l’atmosphère et pour engendrer l’orage.

En terminant ce qui concerne les panseux de secret, remarquons que leurs traces se retrouvent dans les temps les plus reculés. Nous avons déjà parlé du roi Salomon, qui excella dans cette science comme en tant d’autres ; nous citerons, pour dernier exemple, les fils d’Autolycus, ces habiles remégeux, qui, selon Homère, arrêtèrent par enchan-

  1. Voyez, à la table des matières, ce mot : Mouche (la), ce que l’on dit de cette terreur panique du bétail.