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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/353

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souvenirs

beaucoup de pèlerins mercenaires entreprendre, tous les ans, le voyage de la Mecque et accomplir cette pénitence par procuration.

Mais ce qui surtout contribue à rassurer nos pauvres villageois, lorsque la maladie les atteint, c’est l’assistance qu’ils sont certains de trouver auprès d’un grand nombre de saints. — Ce n’est pas à eux que le prophète eût adressé le reproche qu’il faisait au roi Asa : Nec in infirmitate sua quæsivit Dominum, sed magis in medicorum arte confisus est[1].

Ordinairement, on donne le nom de mal à saint ou de mal de saint à une infinité d’affections graves contre lesquelles on peut se contenter d’implorer le secours d’un saint, ce qui coûte bien moins cher que les soins d’un médecin. Pourtant, dans quelques-uns de nos cantons, la locution mal de saint désigne particulièrement le catarne (voy. p. 299) et parfois les convulsions en général. — Cette expression était autrefois française :

Si c’estoit mal de sainct, ou de fièvre quartaine…,

dit le vieux satirique Régnier, sat. xi.

À l’exemple de nos panseux de secret, presque tous nos saints ont une spécialité en médecine, et cette spécialité est indiquée, tantôt par quelque circonstance de la biographie du bienheureux, tantôt, — et c’est le cas le plus ordinaire, — par un rapport de consonance entre le nom du saint et le nom de la maladie.

Ainsi, sainte Anne, à Nohant-Vic, près la Châtre, est invoquée par les nourrices qui n’ont point de lait, parce qu’elle allaita la sainte Vierge.

Sainte Apolline guérit du mal de dents, parce que on les lui cassa, à Alexandrie, durant son martyre.

Saint Eutrope soulage les hydropiques ; saint Aignan (saint Teignan) les teigneux.

  1. Paralipomen., xvi, 12.