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souvenirs

des Andrieux-en-Val-Godmar, tout le village se rend sur le pont, et dès que le soleil y paraît, on lui fait l’offrande d’une omelette. »

À Argenton, à Saint-Gaultier, etc., les cornabœux sont connus sous le nom de hôlais. Tous les laboureurs de ces contrées, qu’ils emploient des bœufs ou des chevaux pour cultiver leurs terres, donnent aux pauvres, le jour de Noël, autant d’hôlais qu’ils possèdent de ces différents animaux. — Faut-il voir quelque rapport entre le mot hôlais et celui par lequel les Grecs désignaient le soleil : hêlios ? — Les hôlais ou cornabœux pèsent de trois à quatre livres.

À la Châtre (Indre), on vendait, il y a une quarantaine d’années, à la même époque, des gâteaux très-minces, dans lesquels il n’entrait ni levain ni beurre, et qui figuraient des chevaux et des bœufs, symboles principaux du soleil chez les Gaulois nos pères. — C’est ainsi que les Hébreux idolâtres offraient au soleil des gâteaux sur lesquels son image était empreinte (Jérémie, XLIV, 19) ; c’est ainsi qu’à Patare, en Lycie, on consacrait à Apollon des gâteaux en forme d’arc, de flèches et de lyre.

On voit que le bœuf, surtout, joue un grand rôle lors de notre fête de Noël : non-seulement il assiste à la naissance de l’Enfant Dieu ; mais, ainsi qu’on le verra plus loin, à un certain moment de la messe de minuit, il lui est donné de parler chrétien et de prophétiser. Il représente assurément, en toutes ces circonstances, le dieu des oracles, le Dieu-Soleil, le sol novus, le sol verus, proclamé par l’Église elle-même :

…Lucido surgens thoro,
Sol verus orbem visitas.

(Hymne de Noël.)
Sol novus oritur…
(Office de Noël.)

D’un autre côté, nos vieux noëls comparent fréquemment la venue du Sauveur à celle du sol novus.