Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

10
souvenirs

furent, dans le principe, un hommage adressé à Bel, au dieu-taureau, dont les cornes symbolisaient la toute-puissance.

À propos de notre terme cornabœux et de la signification que nous lui avons donnée, nous ne pouvons nous empêcher de faire le rapprochement suivant : — La montagne sur laquelle s’élève le Fort-Belin, près de Salins, ville dont les environs abondent en antiquités celtiques, s’appelle la Côte-Béline, et l’extrémité occidentale de la roche sur laquelle est construit ce fort porte le nom de Bois Saint-Jean, parce que l’on y allume, le 23 juin, les feux solaires de la Saint-Jean ; or, entre le Bois Saint-Jean et le Fort-Belin, il existait autrefois un rocher qui se terminait en pointe et que l’on appelait Corne-à-Bœuf. — « On sait, ajoute M. Désiré Monnier, à qui nous empruntons ces détails, que le dieu Bel ou Belin était souvent représenté avec des cornes[1]. »

En Angleterre, ce n’est pas au moyen symbolique des cornabœux que l’on a recours pour célébrer la grande fête solsticiale, la Fête du bœuf ; John Bull fête le taureau, son patron, d’une manière beaucoup moins allégorique : — « La veille de Noël, dit M. Ch. Virmaître, tout Londres est illuminé. Les boutiques de bouchers, surtout, sont resplendissantes de lumières ; on y voit des bœufs dépouillés, couchés tout entiers sur des tréteaux, avec des becs de gaz dans le mufle. Pour fêter Christmas, on se met à table la veille au soir, et on ne la quitte que le surlendemain au matin, trente-six heures après ! Les Anglais, ce jour-là, ne mangent guère de pain ; ils communient avec le rosbif, et avant d’ouvrir cette longue scéance gastronomique, ils ont eu soin de s’enfermer pour n’être pas dérangés dans le plus pieux et le plus saint exercice qu’ils connaissent : celui de faire passer le bœuf à l’état d’homme. »

Indépendamment des cornabœux, on fait encore, la veille

  1. Traditions populaires comparées, p. 216.