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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/107

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Quoique amateur friand des vieilles choses, j’avoue que cette transformation n’eut pas l’heur de me déplaire. J’y voyais, en effet, une preuve que, lorsque les Canadiens-Français le veulent, ils peuvent, comme les autres races, faire quelque chose de beau. Il suffit d’un peu de travail, d’économie et d’esprit de suite.

Nous entrâmes dans l’hôtel, où l’on nous reçut avec une courtoisie toute française. Le dîner battait son plein dans une salle comble, où nous eûmes de la difficulté à trouver une table de deux couverts disponible. Je me hâtai de consulter le menu.

— Tu es content, n’est-ce pas ? me dit Henri.

— Non, mais j’avais hâte de lire un menu français.

— Je ne t’ai pas désappointé, hein, mon vieux ? C’est un peu pourquoi je t’ai proposé le Saint-Roch ! Je voulais te faire une agréable surprise.

— Tu badines, mon cher Henri ! Du français à Québec, tu appelles cela une surprise ? Tu me fais rire ! Tout de même, c’est le premier menu français que je consulte, depuis que j’ai quitté Port-Joli, il y a trois jours. On se croirait dans un pays anglais, au milieu duquel se trouverait cette oasis : l’hôtel Saint-Roch.

— Et au banquet de l’hôtel du Plateau ?

— Tu le croiras si tu veux, mais on avait oublié le français sur le menu.