Aller au contenu

Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 14 –

je conduis aussi un taxi ; mais les gens aiment mieux se faire conduire en calèche. Ça a plus de cachet, comme ils disent. Pour moi, le cachet qui compte, c’est celui qui tombe dans ma poche et qui contient le plus de sous. Sous ce rapport, je ne puis chercher noise à ma Grise, car elle m’en fait faire joliment. Tiens, nous voilà rendus !

En effet, la Grise, ayant évidemment compris le sens de notre conversation et consciente, sans doute, de son devoir, avait accéléré le trot et nous nous trouvions tout à coup en face de la Bastille. « La Bastille » ! comme ce nom m’était familier, mais comme il sonnait faux, me semblait-il, au Canada, où il n’avait pas d’histoire comme son homonyme français. Un endroit de villégiature affublé d’un nom historique rappelant toutes les horreurs de la révolution française me paraissait, au premier abord, d’un ridicule achevé. Mais les habitués de la région ne semblaient y attacher aucune importance.

Sansfaçon transporta mes bagages à l’intérieur de l’hôtellerie. Je lui payai sa course et il repartit à la recherche d’autres clients.

Je signai le registre en présence de l’hôtelier.

Joseph-Olivier Reillal ! C’est un nom bien connu à Port-Joli, me dit mon hôte. Désirez-vous une chambre ? J’en ai une vacante dans le bastion. Elle n’est presque jamais occupée,