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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/215

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pieds, tout d’un bond. Je me lançai à sa suite, dans une chute vertigineuse. Cécilia s’était redressée et m’attendait en riant, au bas de la première glissade. Les morceaux du rocher sur lequel j’avais glissé passaient comme de la mitraille de chaque côté de nos têtes. Cécilia mit ses mains gantées sur ses oreilles, pour se protéger. Pour ma part, je reçus sur la nuque une petite pierre qui faillit me faire tressaillir. Nous arrivons à la source, me dit Cécilia, pendant que, péniblement, nous descendions, tantôt en nous accrochant à un petit arbre rabougri, tantôt en nous arc-boutant sur une pointe de rocher. Enfin, nous atteignîmes cette source d’eau limpide qui jaillissait du flanc de la montagne.

— Je parie, me dit Cécilia, que malgré vos hivers rigoureux, et même sous la glace, vous n’avez jamais bu d’eau plus froide.

— Je ne puis parier sur une chose aussi problématique ! Mais votre parole me suffit, Mademoiselle.

— Alors, à la santé de nos fiançailles, me dit-elle hardiment, en buvant tout d’un trait un grand verre de cette eau glacée.

Je n’eus pas le temps de la prévenir contre le danger de boire de cette eau dans l’état où elle était, après une marche qui nous avait mis le sang en ébullition.

Je répondis à sa santé, en trempant mes lèvres dans cette eau traîtresse.